Entrez dans la transe... Climax, de Gaspar Noé.



Première étape. La promesse. Dansez. Comme une urgence, comme un sursaut. Le sursaut de la vie, le sursaut d’une naissance nouvelle. La danse est un révélateur, un révélateur au monde. Chaque geste est une respiration, chaque mouvement une expiration. Le souffle qui en découle est selon, purificateur, ou exhalteur. La transe commence, vous voilà entré dans la danse. Les corps se cambrent, les corps tombent et se relèvent. Les corps vibrent, les corps vivent. Accrochez-vous, le premier exorcisme dansé n’était que la promesse du tour. Restent, le tour, l’effet, et le prestige. Rappelez-vous, vous n’avez pas encore goûté à la sangria.

Deuxième étape. Le tour et l’effet. Santé ! La tête prête à exploser, le corps en proie à une chaleur abyssale, les yeux révulsés. J’entends encore les cris, je vois encore la souffrance. L’aventure intérieure les bouffe, les transcende et les agresse. Elle hurle, traverse le couloir et exorcise la douleur dans une danse folle. Elle me fascine. Tel le devin, elle sent avant les autres l’Apocalypse. Avec elle, je plonge dans l’enfer de Dante qui prend les couleurs d’une soirée « alcoolisée ». Les couleurs… Elles me hantent. Vous reprendrez bien un vert ? Un rouge ? A foison ils se déploient, révélant les failles, allégories des cris, ils caressent autant qu’ils frappent. « L’Enfer, c’est les autres »… La communauté devient la gueule immense qui croque et qui abîme. La communauté exclut, la communauté n’écoute pas, la communauté ne sert jamais d’intérêt collectif. Alors on se bat, seul. Ne naît-on pas seul ? Ne luttons-nous pas pour prendre notre premier souffle par nous-même ?

 Dernière étape. Le prestige. Après la vie, la mort. La fin d'un monde. Les corps, allongés, retrouvent un semblant d'apaisement. Lessivée, hypnotisée, je quitte l’arche de Noé. Le secret de son tour est le seul qui n’a pas été révélé, et c’est tant mieux. Je suis entrée dans la transe mais je n’en suis pas vraiment ressortie, et c’est tant mieux. Pas d’acide dans mes yeux, juste la beauté sidérale d’un univers terriblement éprouvant. Et c’est tant mieux… 
La fête est finie.





Climax,
De Gaspar Noé.
Sortie le 19 septembre 2018.


Commentaires

  1. Anonyme11 mars 2019 à 10:21

    Pendant ma lecture, j'ai revis cette expérience éprouvante, et la musique m'est revenu en tête. Une critique tout aussi dansante et dynamique que le film, admiration totale de vos écrits !

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