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Affichage des articles du octobre, 2017

Lost River, de Ryan Goling. Le cauchemar était vêtu de lumières.

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Le cauchemar était vêtu de lumières. Dans l’histoire de notre amour profond pour Lost River, les larmes sont partie intégrante. Les larmes du premier visionnage de la bande annonce, qui traduisent cette impression folle d’avoir devant les yeux un univers que vous avez toujours, au plus profond de vous, souhaité voir sur ce grand écran blanc. Puis, une fois le film découvert et infiniment gravé en nous, il y eut les larmes pour le défendre de toutes nos forces, ne comprenant pas comment des critiques pouvaient être formulées de façon aussi virulente contre un film qui a tant su trouver sa résonance en notre for intérieur. Conte de fées d’un nouveau genre, au cœur d’un Detroit fantomatique et laissé pour compte, Lost River puise toute sa force dans la création d’un univers à part entière qui se joue du cadre temporel et vient s’imprimer sur l’écran avec style, beaucoup de style. Le rêve esthétique se mêle alors au cauchemar de la noirceur que soulève le récit. Métaphore à la foi

Blade Runner, de Ridley Scott. Mélancolie, solitude, se perdant dans la puissance du futur.

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Mélancolie et solitude, se perdant dans la puissance du futur. La pluie s’abat sans discontinuer, premier objet d’attraction. Je ne saurais dire pourquoi, mais la pluie au cinéma m’a toujours intensément fasciné. La manière dont elle transforme les visages, dont elle suggère la mélancolie aussi peut-être. Ajoutez-y une nuit sans fin parée tant de vifs néons que de lumières « mouvantes », et de réclame abrutissante esthétisée au possible, vous obtenez un Los Angeles futuriste dans lequel 2019 se joue des extravagances que cumule déjà notre société actuelle.  Mais voyez plus loin, concentrez-vous sur les êtres qui peuplent le film. Des êtres qui apparaissent comme des pièces rapportées, à l’étroit, pas à leur place, terriblement seules dans la nuit d’un univers trop grand pour eux (où chaque pièce, chaque élément de décor n’est qu’ingénieuse métaphore de leur solitude), dans lequel la pluie ne s’arrête jamais, tout comme le jour refuse de se lever. Répliquants, êtres humains

Barbara, de Mathieu Amalric. La poésie de l'image [Impressions format court]

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La poésie de l'image [Impressions format court] Il me semble que certains moments, certaines expériences de cinéma, ne sont pas associables à une critique entièrement développée qui se voudrait la plus complète possible. Parfois en effet, on ne se décide qu'à livrer quelques phrases, quelques impressions éparses, car on ignore comment l'on pourrait décrire l'oeuvre autrement sans enlever de son mystère. C'est le principe même de ces "Impressions format court", que nous inaugurons aujourd'hui avec Barbara, de Mathieu Amalric. Difficile de poser des mots dessus de peur d'abîmer cette belle et innovante matière. Barbara est beau et touche dans son imperfection et sa fragilité, il se révèle être un objet très aérien assez fou, et un peu flou aussi, mais pas forcément dans le mauvais sens du terme. L'entrelacs d'idées est en effet d'un telle densité, qu'il aura fallu toute la sincérité, l'amour et la poésie du cinéaste p