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Affichage des articles du septembre, 2017

Juste la fin du monde, de Xavier Dolan. "L'émotion ce n'est pas toujours facile"

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  "L'émotion ce n'est pas toujours facile." Ce sont vos mots Xavier Dolan. Pourtant, peu l'exprime et la retranscrive à l'écran aussi bien que vous, et Juste la fin du monde est là pour nous le confirmer, une fois de plus. C'est un dimanche caniculaire où le amas de souffrance resté enfoui depuis tant d'années impose sa rébellion, son terrible réveil durant un dimanche en famille. C'est le jour du "retour" de Louis, attendu par sa famille comme le "Messie", redouté comme lui aussi, car c'est vrai, on a toujours peur d'être déçus par ceux qu'on aime. Surtout quand l'attente, l'absence ont fait leur œuvre. L'absence qui bouffe ce qu'on consacre à l'amour et que l'on a du coup plus la force de lui consacrer. Gros plans, petits espaces, illustrent avec force l'étouffement auquel fait face le protagoniste au sein de cette famille dont il s'est éloigné depuis 12 ans. "Ils

120 Battements par minute, de Robin Campillo. Les individualités au détriment du collectif ?

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Les individualités au détriment du collectif ? Nous aimerions commencer par avouer que 120 Battements... souffre d'un syndrome bien connu des passionnés de cinéma. Le syndrome du film dont on attend tellement, que l'on s'attarde davantage sur ses défauts qu'en temps normal. C'est ainsi malheureusement que, subjugué nous l'avons été mais bouleversé, terrassé, sujet d'une grosse claque...pas au point où l'on pensait l'être. Cette critique se voudra néanmoins être aussi objective que possible car, il faut bien le dire et l'on commencera par là, 120... est un grand moment de cinéma. L'ouverture du film se charge d'entrée de jeu de vous filer des frissons au sens le plus littéral du terme. Pourquoi ? C'est là le plus difficile à expliquer. On parlera d'une tension palpable, d'un intérêt et d'une rage invisibles mais qui pourtant affleurent déjà, et qui menacent d'exploser à tout moment afin de vous clouer sur votr

Song to Song, de Terrence Malick. Tableaux, portée et contact...

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Tableaux, portée et contact... Malick n'écrit pas vraiment une histoire, il écrit des personnages (sublimement interprétés) à travers certains fragments de leurs âmes, de leurs doutes et de leurs peurs, s'égarant dans les affres de l'amour. C'est, il nous semble, ce qui les rend si humains, si proches de nous, malgré une portée métaphorique autour du divin évidente.  Ce qu'il faut avant tout, c'est parler de l'aspect purement plastique, visuel. La photographie de Lubezki est  en effet une fois de plus d'une beauté et d'une sensibilité rare qui fait de chaque lieu, de chaque visage, de chaque lumière, un monde en lui-même devant lequel nos yeux frétillent ne sachant plus où se poser, qu'admirer... Chaque plan devient un tableau qu'on rêverait d'imprimer dans notre esprit. Il est alors question tout au long du film d'arriver à se laisser bercer, d'opérer "un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens"

Grave, de Julia Ducournau. Maestria, renouvellement et personnalité

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Maestria, renouvellement et personnalité. Commençons par souligner le fait que Grave est un film qui bénéficie d'une véritable atmosphère, d'une aura novatrice qui dilue le malaise (et non réellement la peur) au sein d'un univers visuel hypnotique où lumières et espaces s'agencent avec minutie et maîtrise. De fait, la mise en scène, faîte notamment de décadrages, contre-plongée et caméra au plus près du sol, mêle habilement savoir-faire et oppression afin de nous plonger au cœur de la noirceur de la situation de l'héroïne tant au travers du bizutage que de sa transformation, mutation personnelle. Ces choix judicieux et astucieux semblent ainsi relever du génie précoce d'une réalisatrice/scénariste qui porte déjà une grande vision de cinéma et des partis pris des plus passionnants qu'elle a le talent et l’audace nécessaires pour exploiter jusqu'au point de rupture (tout est justifié, rien n’est gratuit alors que l’on parle tout de même d’un uni