Une détonation dans la vision. Un Couteau Dans Le Coeur, de Yann Gonzalez.



Il faut entrer dans la nuit, il faut accepter d’être bousculé, mal à l’aise et dérangé, il faut apprécier la puissance et la fascination que la naissance d’un style visuel, sensoriel, et hybride a la générosité de nous offrir. 
Les êtres se frôlent, s’évitent et s’abreuvent mutuellement de souffrance. Car il ne faut pas s’y tromper, la crudité explicite avec laquelle les corps se mêlent sauvagement n’exprime jamais, dissimule plutôt, la détresse et la solitude qui bouffe de l’intérieur, sans un bruit, si ce n’est celui des dialogues qui résonnent du fond d’une cabine téléphonique. 
Les néons éclairent les maux silencieux, noient les amours perdus. 
Le sexe se montre, le tueur se cache. 
Le Giallo se promène à travers la pellicule, laissant parfois la place au thriller, et même à la comédie, qui naît ingénieusement du malaise ressenti. 
La pellicule est inondée de l’amour de son réalisateur pour elle et pour le septième art. Un réalisateur dont l’audace n’a d’égal que le style. Un style aussi coloré que sombre, aussi expérimental que grand hommage à l’histoire de son art. 
Le vent se lève, balaye les activités de façade, réveille les amours étouffés, étouffant. Les cœurs sont blancs, les âmes sont noircies. 
Le masque dissimule lui aussi. La victime s’en pare pour devenir bourreau. Le miracle fait place au massacre. Le cauchemar se pare d’une d’une esthétique onirique, d’une bande-son planante.
Un Couteau à la fois tranchant et caressant vient se planter dans notre Cœur, exactement comme le fait l’amour en somme. Il bouscule, il dérange, il bouleverse, il passionne, il fascine...Il ne laisse jamais indifférent tout simplement. Mais la force de celui qui a décidé d’en parler de façon si novatrice est d’oser, toujours, aller au bout de son univers, de se laisser porter par lui, d’éveiller quelque chose, peu importe quoi, chez nous. Car entre la haine et l’amour, il n’y a qu’un pas...

Un Couteau Dans Le Cœur,
De Yann Gonzalez.
Sortie le 27 juin 2018.


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