La pureté se mouvant en une forme... The Shape Of Water, de Guillermo Del Toro.




La pureté se mouvant en une forme... The Shape Of Water, de Guillermo Del Toro. 


Mon regard s’est empli de larmes incontrôlables devant tant de pureté…
Pur, si pur, The Shape Of Water a la douceur du regard d’un cinéaste qui a gardé la vision d’un enfant. Un enfant se perdant tendrement dans la frontière poreuse qui sépare l’imaginaire, des formes de l’ordinaire. Du matériau obtenu aux confins de ces deux espaces, il façonne, de ses grandes mains de conteur, une œuvre. Une œuvre qui s’élève grâce à la beauté de sa forme, visuelle justement, qui n’en finit pas de se mouvoir pour mieux coller aux trajectoires des « égarés » qui peuplent cet univers.
Les égarés, les « en-dehors », les solitaires, les introvertis, les incompris, les rêveurs… En bref, les êtres, aux blessures insondables aux maux (et aux mots) silencieux/inaudibles qui ne sont jamais aussi beaux que lorsqu’ils se trouvent, ou plutôt devrait-on dire, se retrouvent. Dans une étreinte silencieuse qui impose d’emblée le sublime de sa franchise infinie.

The Shape Of Water est un pur conte, raconté avec une épure bouleversante. C’est en cela d’ailleurs qu’il ne faudra pas confondre manichéisme et fidèle exercice de style qui ne se vantera jamais de vouloir être plus que cela je crois, ce qui n’empêche en rien son extrême réussite en la matière ! La poésie et le lyrisme qui en découlent, qui en irriguent délicatement, mais frontalement et continuellement l’écran, n’en ressortent que plus naturelles, que plus impactant, car ils naissent de la simplicité épurée plutôt que de la complexité (qui serait superflue, voire vaine et surfaite dans l’œuvre en question).


J’aimerais vous parler du long-métrage en vous expliquant à quel point il est un baiser magnifique, déchirant, qui se perd dans les profondeurs des eaux, laissant une infime empreinte au fond de l’âme… De cette forme, qui n’opérera pas sur tout le monde tant elle est personnelle/intime et est amenée à se vivre comme telle, et c’est tant mieux. De cette mélodie des âmes égarées, mais pleines de vie et de couleurs, habitée par les images qui ondulent dans une vague assoiffée d’amour et de cinéma, d’amour tout court, aussi, surtout. Eclairée par la pureté d’un sentiment qui se heurte à l’ombre de l’existence, aussi belle que dangereuse.

La franchise, la générosité, l’amour de l’imaginaire et les rêves de Del Toro sont si denses qu’ils inondent l’écran en éveillant délicatement notre fascination, avec des images, des personnages, qui n’en sont pas vraiment et avec qui nous nous sommes aimés, le temps d’un film…  


The Shape of Water, 
de Guillermo Del Toro.
Sortie le 21 février 2018.

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